Réparation d'un juke-box NSM Prestige 120B de 1971

Après avoir déjà réparé plus de 80 jukeboxes, je n'avais toujours pas eu de machines NSMs. Et voilà qu'on m'en livre deux d'un coup ! Un 120B de 1971 et un E120 de 1977. Le 120B est très propre, je suis en admiration devant l'élégant phonographe : il est basé sur le même principe que chez Seeburg (disques en ligne, à la verticale), mais le mécanisme est nettement plus simple et léger.

La machine sélectionne et éjecte correctement, mais le son est très faible. Après vérification des haut-parleurs, je dépose l'ampli et y découvre beaucoup de choses :

•  la sortie pontée pour qu'un canal alimente tous les haut-parleurs ! Facile ça, un canal est mort, allez-hop on branche tout sur celui qui reste ! Au revoir la stéréo ...

  

• les transistors drivers et de puissance sont OK, étonnant, car en voyant un des 2 trimpots du bias, j'ai un frisson, il y a une cale en papier, de la colle et il est très oxydé. Peu de monde comprend que la tension de bias fixée par ce trimpot doit impérativement rester fixe (réglée entre 1,40V et 1,65V, équivalent à la somme des 2 tensions de jonction = seuil d'ouverture des transistors de puissance). Si le trimpot se dégrade et que cette tension se "libère" au delà de 1,65V les 2 transistors de puissance vont conduire en même temps et faire un court-circuit qui va instantanément détruire les précieux transistors de sortie, les transistors drivers et quelques résistances environnantes, bref le désastre. Souvent je détermine la valeur de la résistance de bias avec un trimpot et je le remplace par une résistance fixe de la même valeur, comme ça il n'y a pas de mauvaises surprises.
Je vérifie quelques autres composants, ils sont OK.



• une partie d'un des trois circuits imprimés est cassé, mais la réparation a été faite correctement
• je ressoude un fil cassé (soudure froide) d'un résistance remplacée, qui a été mal soudée sur les pattes coupées de la résistance d'origine. Ce que je comprends car cela évite de retourner la carte, ce qui est vraiment laborieux vu que tous les fils sont soudés courts ...
• le potentiomètre de volume stéréo a la piste d'un canal hors service, mais le schéma explique que si on ne veut pas piloter le volume des canaux stéréo séparément, on peut ponter et donc une piste suffit ! Il faut savoir que le volume n'est pas un diviseur résistif variable comme d'habitude, mais une commande par tension avec un circuit spécifique que je n'ai pas le temps d'étudier maintenant.
• j'allume en douceur avec le variac, rien ne chauffe, un canal a bien le rail central à la demi-tension de l'alimentation, mais l'autre canal a le rail central à 0V au lieu de 20V (alim 40V), par expérience c'est souvent le transistor pré-driver, qui détermine l'équilibre du rail central, qui est mort. Je le mesure : infini partout, il est bien mort. Remplacé par un transistor équivalent tout rentre dans l'ordre, la carte ampli est opérationnelle.
• pourtant, sur un canal, le signal injecté en entrée ne sort pas, je remonte toute la chaine jusqu'au tout 1^er étage dans le préampli, mais le transistor est bon. Par contre, l'alimentation chute anormalement, je trouve un petit condensateur chimique de filtrage sur l'alimentation de cet étage ... carrément en court-circuit ! Cela c'est rare.
• je remplace encore les trimpots de gain
• je règle le bias, la tension du rail à pile-poil à 1/2 VCC (je préfère les schémas qui établissent le point milieu tout seuls) et l'équilibre des gains
• je décrasse les contacteurs de tonalités évidemment

Et voilà, l'ampli refonctionne, mais je vois à l'oscillo un petit signal haute fréquence comme d'habitude ... et oui, comme d'habitude ... je rajoute 4 capas de 10nF entre base et collecteur de chaque transistor de puissance. Voir les détails et explications ici. Dans la photo ci-dessous les remplacements des trimpots (rouge), transistor (vert), condensateur (jaune) et l'ajout des capas anti-oscillations (blanc).

Détail dangereux : l'inscription E et C sur les bornes à souder du circuit imprimé sont erronées (inversées) ! Alors que sur le dessin de cette carte dans le manuel c'est correct ! J'ai modifié les inscriptions sur la carte. Pas mal de soucis quand même sur ce seul ampli, et pas facile à travailler dessus car on n'a pas accès, il n'y a pas de connecteurs, il faut dessouder pleins de fils, les Seeburg, c'est plus facile. Mais, ce NSM de 1971 sonne très bien, je suis très agréablement surpris ! Chouette machine.

Petite vidéo

Après quelques temps chez le propriétaire, le son déraille. De fait, le son "ondule" (chevrote) et parfois le disque tourne beaucoup trop vite ! La poupée disque est entrainée par une courroie qui tourne sur 2 poulies intermédiaires. Une des poulies est bombée pour assurer le bon centrage de la courroie, mais la courroie est sans doute lâche et voyage sur la poulie et frotte par moment contre la poupée ! Je commande une nouvelle courroie, elle est plus large et se centre correctement sur les poulies. Néanmoins en faces A, les jeux dans les axes des poulies et de la poupée font que la courroie frôle toujours la poupée. Je démonte le tout et découvre, en comparant avec les vues éclatées, qu'il manque des rondelles ! En rajoutant d'autres rondelles des bons côtés des axes, je diminue les jeux, et même si à l'oeil la courroie semble toucher la poupée, le son est stable et bon.