Schmitronic

Réparations d'appareils électroniques vintage



Restauration d'un flipper Stern Big Game de 1980

Voici qu’arrive le premier flipper à plateau large : un Big Game de Stern. C’est le premier flipper large de la marque. Impressionnant, surtout la vitre du fronton : une tête de tigre qui surgit de la verdure de la jungle. Les yeux du tigre semblent en 3D !

Le nom de la machine m’intrigue : « Big Game » = « Grand Jeu » ... nommé ainsi à cause du type de plateau large ? Et il n’y aurait alors aucun lien avec le thème graphique du jeu : la jungle et ses animaux, dont le tigre ? Mon voisin me met sur la piste : c'est une expression anglaise qui signifie « Chasse au gros gibier » ou « Safari dans la jungle » ! Tout s’explique !

La machine est en bon état de marche, un simple entretien devrait suffire.

Afficheurs

Les afficheurs font n’importe quoi, quelques échanges et rafraichissements de soudures plus tard, l’essentiel est stable. Il reste un afficheur qui montre les chiffres des autres afficheurs ! En mode test tout est normal puisque tous les afficheurs affichent les mêmes nombres sur tous les digits ! Il semble que la ligne de strobe ou de latch n’est pas prise en compte par le démultiplexeur de l’afficheur. Le remplacement du circuit intégré résoudra le problème, mais je n’avais encore jamais vu cela.

Lampes

Il y a beaucoup de lampes sur cette machine (3 matrices de 9 lampes en plus des habituelles) et pas mal ne fonctionnent pas. C’est toujours fastidieux de suivre le chemin qui mène de la lampe non opérationnelle au thyristor de commande. En effet, il faut :

C’est long et nécessite parfois de déposer et de remonter la carte plusieurs fois ...

Une autre méthode consiste à vérifier d’emblée tous les thyristors au multimètre, en position contrôle de diode, mais ce n’est pas toujours fiable et ne garantit pas une carte 100% opérationnelle.

Plusieurs sites proposent une aide au diagnostic sous forme d’une batterie d'interrupteurs pour simuler le bus de données et de sélection de décodeur et d’une plaques de 28 LEDs à enficher sur les connecteurs de sorties. Activer des interrupteurs pour simuler les 64 lampes me semble encore lent. M’étant documenté sur les nouveaux systèmes microcontrôleurs de type Arduino, je me rends compte qu’une activation automatique des lignes de commandes pourrait facilement être programmée avec un Arduino. Un système de ce type pourrait aussi permettre de contrôler facilement la carte solénoïde ainsi que les cartes sons de tous types … Une recherche internet me montre que pas mal de gens simulent jusqu’à des flippers complets avec des microcontrôleurs, mais je n’ai pas trouvé de système d’aide au diagnostic basé sur ces systèmes. Intéressant. Il n'y a qu'à s'y mettre : le projet est décrit en détail dans la page Arduino de ce site. Voici des photos du résultat lors d'un test sur une carte réelle. La carte d'aide à la lecture montre l'allumage des LEDs attendu pour chaque connecteur : photo de gauche pour J2, celle du milieu pour J3 et celle de droite pour J1. On voit tout de suite sur la photo du milieu J3 a la LED n°3 qui est éteinte alors qu'elle devrait être allumée, il faut donc remplacer le thyristor qui commande la pin J3-3 ! Le diagnostic d'une carte prend donc moins d'une minute !

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Les affichages de gauche à droite : J2, J3, J1

Un remplacement de démultiplexeur et de quelques thyristors plus tard, j’ai 2 cartes lampes fonctionnelles, je les teste dans la machine et les mêmes lampes restent allumées en permanence quel que soit la carte ! Donc tout le câblage est bon et les mêmes thyristors seraient claqués sur chaque carte ? Pas possible.

En bougeant la carte (non encore fixée fermement), avec la machine en test lampes, toutes les lampes allumées en permanence tremblotent et s’éteignent ! En y regardant de près, je me rends compte une fois de plus qu’il faut être observateur pour bien dépanner : les plots en plastique qui soutiennent la carte ont disparu ! Donc les connecteurs touchent le support … métallique et mettent donc des lampes directement à la masse … et les allument !

Après isolement de la plaque, toutes les lampes s’activent enfin en rythme.

Batteurs

Il y a 4 batteurs montés symétriquement en bas de plateau, avec un contact intermédiaire qui n’active le batteur du bas qu’après activation du batteur du haut. Ce design évite d’activer les 2 batteurs en même temps du même côté pour limiter l’appel de puissance à l’alimentation. Ce dispositif introduit un léger délai. De plus tous les contacts doivent être parfaits sous peine de mollesse. Je découvre qu’un contact manque et que de toutes façons les batteurs ont déjà été câblés directement en parallèle de chaque côté.

Cela ne me plait pas, le transfo fatigue, surtout quand on active les 2 boutons pour lever les 4 batteurs en même temps. Je réinstalle le contact manquant et recâble tout comme à l’origine. Le fusible fond ! C’est le système à 2 contacts (EOS & activation batteur voisin) qui provoque un court-circuit entre lames de circuits différents ! Un « fishpaper » entre les 2 contacts résout ce souci. Tous les batteurs fonctionnent mais l'ensemble reste mou. Je mesure la résistance des contacts, ils sont tous entre 1 et quelques ohms ! Je frotte les grains au papier de verre, puis à la lime, rien n’y fait ! Je finis par utiliser une fraise en pierre ponce montée sur une Dremel tournant à haute vitesse et je dois poncer fermement les grains pour arriver à les faire briller pour enfin obtenir une résistance nulle. Les batteurs deviennent nettement plus réactifs … sauf un.

Ah, l’observation … les 2 bobines de gauche sont des xx-450/xx-xxxx et celles de droite des xx-500/xx-xxxx ! Alors que Stern mentionne très logiquement des bobines à « 450 » spires pour les batteurs du bas et des « 500 » pour ceux du dessus ! Je me demande quand même quel dépanneur du dimanche a réussi à monter les batteurs de manière asymétrique. De plus une des bobines est montée à l’envers : pas grave car les raccordements étaient bons, mais quand même, ce n’est pas très pro. Après échange et inversion des bobines, la machine retrouve son punch d’origine.

Reste un problème : la bille s’échappe facilement entre les batteurs du même côté lorsqu’ils sont levés ! Un plot de « barrage » ne suffira pas car la bille ne peut jamais rester coincée entre les batteurs. Seule une paroi verticale et continue à l’arrière du batteur du haut et dans le prolongement du batteur du bas pourrait faire l’affaire. Dans mon fourbi, je trouve une barre creuse en aluminium de section carrée de 2 cm de côté. Mises à longueur, limées en arrondi pour épouser la forme de l’arrière du batteur et quelques trous plus tard, 2 pièces sont montées à la place des plots de soutien du décor.

batteur big game bloc arrêt arrière batteur big game
A gauche, sans décors on voit bien les pièces et à droite avec les décors, les arrêts sont invisibles
stern big game détail batteur
Même dans cette position, la bille ne reste pas coincée, le ressort de rappel du batteur du haut pousse la bille sur le batteur du bas

Sons

Lors des tests, je me rends compte qu’il n’y a pas de musique de fond alors que le DIP switch est activé (DIP 8 = ON). Bizarre, le contact et la diode sont bons et la carte fonctionne à chaque contact. A tout hasard je mets le DIP switch à OFF … et le fond sonore démarre ! Donc la programmation sur cette machine est inversée ! Comme quoi, il ne faut pas se fier aveuglément à la documentation, un peu d’expérimentation reste nécessaire. Bon à savoir.

Marrant ces machines à plateau large, très rapides.