Schmitronic

Réparations d'appareils électroniques vintage



Restauration d'un 2ème Matahari de Bally

Décidément, le bouche-à-oreille est un principe qui marche très bien. De temps à autre j'explique mon hobby de dépanneur aux collègues à mon travail. Un jour l'un d'eux vient me trouver et me demande si je serais d'accord d'aider une de ses connaissance à remettre son flipper en état ? Oui bien sûr, mais quand ? Je devrai glisser ce dépannage au milieu des livraisons incessantes de mon ami brocanteur ! Contact pris, nous convenons de faire un diagnostic sur place : c'est un magnifique Matahari avec une vitre de fronton impeccable et une carte MPU en parfait état (non oxydée par la batterie), situation rare ! Il démarre normalement, un digit sur un afficheur ne fonctionne plus, aucune lampe commandée ne s'active et plus aucune bobine ne réagit, y a du boulot. Le fusible sous le plateau est grillé et mon ohmmètre me confirme le court-circuit. Je vois 2 bobines de bumpers qui ont une très belle couleur noire sur le papier de protection, pareil pour la bobine du knocker. Les composants d'un des circuits de commande de bobine sur la carte solénoïd a aussi bien fumé. Ci-dessous on voit une des 2 bobines de bumper, elle a chauffé et grillé en position activée : donc le transistor a d'abord grillé en court-circuit, la bobine est restée alimentée et collée, a chauffé jusqu'à fondre le fourreau qui a définitivement bloqué le plongeur en position basse ! Remarquez le knocker à qui on a rajouté une bande de cuir en haut pour atténuer le bruit.

Le remplacement des 3 bobines se fait sans problème, elles sont plus faciles à démonter que je ne pensais. Le remplacement des composants grillés de commande de ces bobines devient également la routine. Le propriétaire a pris une série d'actions à sa charge : le nettoyage du plateau, le remplacement des caoutchoucs et des ampoules, ainsi que des 8 cibles. L'effet est déjà beaucoup plus agréable et attrayant. Seul souci, il devient difficile de trouver les cibles sans le petit rebord au sommet et comme ce rebord dépasse très légèrement, la bille cogne dessus et décolle littéralement et va bien sûr violemment frapper la vitre ! On n'a pas le choix, il faut descendre les cibles ! Après réflexion, j'essaie de desserrer par en-dessous tout le bloc de cibles et d'insérer une calle de plexiglass de 2 ou 3 mm ! Cela marche impeccablement : rapide, simple et efficace !

Reste à "rallumer" les lampes commandées. Au niveau de l'alimentation, il y a eu pas mal de soucis et de bricolage : sur la photo de gauche on voit que 2 fils ont déjà bien caramélisés et des soudures sont "craquées". Je réarrange vite cela et en profite pour mettre le transfo en 240V au lieu de 220V, car il vaut mieux sous alimenter de 5% que l'inverse, il faut respecter l'âge de ces engins ! Ensuite on voit sur la photo du milieu que le connecteur d'alim qui va au plateau a disparu et que les fils ont été soudés directement sur les broches et qu'un connecteur de flipper mécanique a été utilisé pour néanmoins permettre le démontage et le transport du flipper. Installation non conforme mais néanmoins réalisée très proprement ... et qui fonctionne. Je comprends un peu, car refaire tout cela en connectique "molex" coûte cher (rien que la pince à sertir se vend 50€, et une seule petite cosse coûte 0,20€ !). Comme j'ai ce qu'il faut et que j'ai l'habitude je remets tout cela en conformité. Pas de surprise, le pont de diode du circuit des lampes commandées est grillé, un grand classique puisque le pont d'origine est notoirement sous dimensionné, une des rares erreurs de design de Bally. Un pont de 35A monté de manière déportée est rapide, peu couteux (temps de montage) et définitif, voir photo de droite.

Lorsque je procède à l'inspection d'une machine, je vérifie toujours la mise à la terre (sécurité d'abord) mais aussi la tension d'alimentation des afficheurs, et ici je mesure 200VDC, c'est trop, les afficheurs sont en train de lentement brûler. En fait le potentiomètre de réglage est cassé le bouton et sa came ont disparu ! Je remplace ce "trimpot" et règle la tension au minimum soit à 160VDC, la différence est à peine visible et toutes façons la luminosité est toujours amplement suffisante dans un maison particulière, on n'est plus dans des luna-parks excitants ! Le transistor de commande du digit d'afficheur défectueux est remplacé, il reste à décrasser quelques sockets de lampes, à régler quelques contacts et ressorts et la partie dépannage est finie.

Pour terminer, je mets la machine en "free play" avec un 2ème jeu de contacts sur le bouton de crédit, et comme les autocollants Bally deviennent difficiles à trouver, je teste une impression du beau logo Bally en losange sur papier transparent ... et cela marche très bien, il faut juste faire attention d'imprimer à l'envers si on utilise un papier avec une face rugueuse pour accrocher l'encre et qu'on place à l'arrière pour avoir la face brillante et lisse à l'avant. Pareil pour les décors de cibles. Voir photos :

Et voilà, encore un propriétaire heureux, quelle belle machine !


Autre Mata-Hari restauré