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Réparations d'appareils électroniques vintage



Réparation d'un juke-box Seeburg Mardi-Gras de 1978

Dernière machine du lot de juke-boxes Seeburg : un Mardi-gras. Quel drôle de nom pour une machine ! Pour un francophone je ne suis pas sûr que cette dénomination soit très porteuse en termes de marketing, mais cela devait être le cas pour les anglophones sinon ils ne l'auraient pas baptisé comme cela.

juke box seeburg mardi gras

Je commence par le dépoussiérer et nettoyer le fond de caisse, cela permet toujours de retrouver de nombreuses vis écrous et rondelles mais aussi d'avoir les mains noires moins vite !

Puis j'enlève la motorisation du bouton de volume, complexité inutile et source potentielle de problèmes. De plus, personne ne va installer un boitier de commande à distance sur le mur de son salon, c'était bon pour le patron du bar quand il en avait marre d'entendre "La danse des canards" pour la dixième fois de la soirée !

Encore une fois je constate que le fil de terre est coupé dès l'entrée dans la machine ! Je ne comprends pas pourquoi des techniciens diminuaient délibérément la sécurité de cette manière. Bien sûr les prises de terre n'existaient sans doute pas partout, mais il n'y a aucune raison de couper un fil pour autant ! La seule raison que je puisse imaginer est que des verres de bières étaient renversés par accident sur des machines et que le liquide s'écoulait à l'intérieur et provoquait des pertes vers la terre qui faisaient sauter les plombs. Et qu'au lieu de localiser et de sécher l'emplacement, on coupait le fil de terre ! Ainsi les clients pourraient vraiment bien se faire électrocuter et danser un peu plus nerveusement pendant quelques instants ! Quels inconscients … Bref je rebranche et ni le disjoncteur ni le différentiel ne sautent.

Y a un truc bizarre : toutes les fiches sont retirées des boitiers, même les fils vers les haut-parleurs sont déconnectés ! Pareil que pour le Matador. Je rebranche tout, sauf qu'il y a 5 fils pour les haut-parleurs et qu'il ne m'en faut que 3 ! Je regarde la doc et à ma grande surprise, je ne trouve nulle part le schéma ou l'information avec la couleur des fils ! Bon, c'est pas bien compliqué, avec un pile de 1,5V je connecte dans tous les sens pour repérer le fil commun de masse (noir, logique) et rouge puis vert pour chaque canal, je reconnecte le tout sur 15W au lieu de 60W, c'est bien suffisant pour un domicile. Je ne sais pas où vont le jaune et le bleu. Lors du test, je constate qu'un des 2 tweeters est mort, encore ! C'est le 3ème sur 5 machine ! C'est vraiment une faiblesse chez Seeburg.

Je vérifie tous les fusibles et trouve celui qui est directement soudé sur une barrette à l'intérieur de l'ampli (1A) grillé … Il n'y a pourtant pas de court-circuit en aval. Je le dessoude et remet un support de fusible ce sera quand même plus intelligent que de souder directement le fusible ! Cela ressemble vraiment à du bricolage … industriel ! C'est peut-être le claquage du tweeter qui a causé la fonte du fusible ?

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Fusible d'origine soudé (et claqué) ... remplacé par un autre mais sur support !

Le phonographe tourne assez facilement, mais un peu d'huile de moteur et ça va encore mieux. Seule solution pour huiler l'arbre vertical des divers embrayages : un paille en plastique remplie d'huile et l'utiliser comme une pipette. Il faut débrancher et sortir la boite grise et déplacer le phonographe pour amener l'arbre devant l'ouverture, puis placer le bout de la paille devant les endroits à huiler et lâcher le doigt qui fermait l'embouchure de l'autre côté ! Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire !

Pour la 2ème fois dans une machine, je constate que le phonographe "broute" en bout de course à gauche. Il cogne 2-3 fois avant de faire demi-tour, s'il veut bien le faire … Je déplace le plot  de fin de course de 3 mm vers la droite, ça fonctionne bien … sauf qu'il ne prend plus les sélections des faces B ! Le petit contact à glissière qui se trouve sur le chariot de lecture de la mémoire Tormat ne s'inverse plus correctement. Je réduis le déplacement du fin de course à +-1,3 mm et tout rentre dans l'ordre. Délicat.

Un fois de plus je démonte le capot en plastique à l’arrière du tweeter et enlève les vis qui maintiennent l’aimant permanent. Comme d’habitude les 2 brins de fils qui relient la bobine aux cosses sont noirs d’oxydation. Je coupe la partie « morte » et sous la loupe et avec une lame de cutter je détache le fil en bord de bobine sur 2-3 cm. J’enlève le vernis au papier de verre et étame chaque fil … très délicatement. J’y soude un brin de cuivre pour pouvoir le raccorder à la cosse de connexion. Je veux remettre l’aimant mais je constate que je l’avais posé sur ma table de travail … où se trouvaient pas mal de particules métalliques que le puissant aimant a attiré ! Zut, les limailles se sont placées dans le fin interstice où doit se placer la bobine ! Pas bon ça ! Faut que je trouve un truc pour les sortir de là … Comment les décoller ? Les décoller ? Mais avec de la colle bien sûr ! C’est avec de la toile isolante que je glisse dans l’entrefer que j’arrive à coller toutes les particules et à les enlever de l’aimant. Après une sérieuse inspection à la loupe et avec un fort rétro-éclairage, je suis sûr que l’entrefer est à nouveau propre et j’y insère la bobine et referme le tout. Un test avec une pile de 1,5v fait entendre un clair claquement, bingo, c’est bon !

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La distance entre les 2 plots de connexion est de +- 1 cm !
Le "gros" fil (0,2 mm) qui y est soudé est un brin de cuivre d'un fil électrique souple, celui de la bobine est de 0,1 mm

Je n'achète plus d'aiguilles Saphir bien chères et « usables », il suffit de nettoyer les aiguilles diamants originales avec le dégraissant Chanteclair, de les inverser, et le son redevient clair et net (on entend bien à nouveau toutes les griffes du disque!). Logique, ne dit-on pas que "Les diamants sont éternels" ?

Quelques ampoules de l’éclairage de sélection sont grillées, et grâce à un stock de pièces de rechange récupéré lors de l’achat du lot de juke-box, je retrouve quelques exemplaires de ces ampoules rares.

S’en suit le nettoyage des rampes de sélection des lampes et surtout de la rampe de mémoire  Tormat. La sélection n’est toujours pas systématiquement bonne, il me faudra démonter le chariot avec les 2 lames de sélection de la mémoire Tormat. En effet, une lame est tordue et le chariot était monté trop haut, sans doute pour assurer un meilleur contact, mais en fait le positionnement se fait mal. Un bon nettoyage des grains de contacts et un placement du chariot plus bas règle le souci.

Le clavier fait facilement des rebonds et provoque des doubles voire triples chiffres, on tape 1 et on obtient 11 ou 111. Heureusement Thierry explique comme faire pour résoudre ce problème : il suffit de nettoyer et de régler la position du contact extérieur du clavier.

La partie musicale est maintenant au point, il reste à régler la décoration. Pas mal de lampes du chenillard sont tombées ou claquées, je les remplace par des LEDs orange (avec des résistances de 680 ohms), de loin, l’effet est pareil. Le chenillard ne bouge plus, en l’inspectant, je vois le condensateur de filtrage principal qui coule … beurk, quelle poisse ! Après son remplacement, il me suffit de remettre une nouvel oscillateur 555 pour que le light show redémarre.

Voilà, la machine est en ordre et le son est excellent !


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