Schmitronic

Réparations d'appareils électroniques vintage



Réparation d'un juke-box Seeburg Showcase de 1966

Machine Seeburg classique et en très très bon état, surtout pour son âge (53 ans!), le plus vieux Seeburg que j'ai eu entre les mains et il est quasi dans un état neuf !

Chouettes décorations et couleurs

Après la maintenance habituelle bien connue et expliquée déjà plusieurs fois dans des articles précédents, il me reste les quelques pannes suivantes :

Le système d'affichage des disques sélectionnés est simple mais efficace : une petite boite noire contenant 2 ampoules (face A et B) est solidaire du phonographe. Un ampoule est allumée en fonction de la face choisie et sa lumière passe par un petit carré de 4 mm de côté. La boite est en mouvement derrière une plaque noire dont les dénominations de disques A1, B2 ... sont gravées de manière transparente. On voit donc le disque choisi par ce petit rétroéclairage qui n'a que 2 ampoules. Sympa.

L'affichage petit certes, mais simple et efficace. A droite la position H1 et à gauche la "boite de projection" ouverte

Rien à faire Seeburg est champion des sonorisations, cette machine comporte 6 haut-parleurs, et cela s'entend, ce n'est pas du gadget. Avec de nouvelles aiguilles, le son est superbe.

Machine avec 6 haut-parleurs au total ! Ici les 2 tweeters et les 2 mediums

Comme les contacts reeds (surtout les petits) ont tendance à casser à l'entrée du fil dans la capsule de verre, il vaut mieux qu'ils soient montés sur un support fixe que flottant au bout du fil. Avec un support autocollant pour colçon, un colçon et un "sucre", c'est propre et net. Cela fonctionne très bien mais il faut juste utiliser des petits aimants super neodyme car les aimants "pour tableau blanc" ne sont pas assez puissants.

Montage du contact reed magnétique

Et pour terminer, une petite vidéo qui montre le super gadget de ce modèle : la partie supérieure tourne ! Toutes les 20 secondes, un petit moteur fait tourner un long prisme droit qui comporte un dessin de danseurs ou des pochettes de disques. Et lorsque l'on ouvre la vitre de protection, un contact s'ouvre pour arrêter le moteur ... afin de pouvoir changer les pochettes ! Trop cool ! Une très belle machine, un vrai "Showcase" !



2ème machine

La machine ne sélectionne pas. Avec une pile 1,5V j'active tous les tores, mais la machine ne déclenche pas, c'est donc un souci de lecture (readout). Un coup de pile à l'entrée tormat du contrôleur déclenche le mécanisme, donc le circuit de détection fonctionne. Conclusion : la panne est forcément dans l'alimentation haute tension (150V) du circuit de lecture. Le diagnostic m'est confirmé par une mesure à 0V sur le bornier du contrôleur. Dans le châssis je découvre 2 résistances grillées et même une 3ème montée à cheval sur les 2 autres ... qui n'est pas sur le schéma ! Manifestement, l'alimentation a déjà dû claquer et un bricoleur du dimanche a remplacé les 2 résistances, et pour faire bonne mesure une 3ème ! Sauf qu'il a oublié de tenir compte de la puissance à dissiper ! Pourtant, le manuel indique clairement qu'il en faut une de 1/2W et l'autre de 2W. Or j'en ai trouvé 3 de 1/4W ! Le claquage était couru d'avance. Après remplacement, la sélection est à nouveau parfaite.

Avant (vert : résistance en trop !) et après

L'ampli est un TSA5, un modèle rare. Normalement le potentiomètre et le contact d'éjection sont montés sur le châssis de l'ampli (pratique, il n'y a pas de câblage) et l'accès se fait par l'arrière ... tout en bas (pas pratique du tout !). Quelqu'un a eu la bonne idée de les installer sur le côté (mais de l'autre côté) en hauteur, malheureusement la réalisation est catastrophique. En effet, il a fait circuler une pelote de 11 fils ... oui 11 fils flottants à travers toute la machine ! 2 pour le contact d'éjection, la masse, 2x input, 2x output, 2x loudness high, 2x loudness low. A l'ampli ces fils sont connectés aux bouts de résistances ... non fixées, non isolées, jusque du papier tesa-crêpe sur les bords du châssis ! Les fils ne sont pas blindés et longent les alimentations des tubes fluorescents ... Et bien sûr les fils ne sont pas raccordés correctement : il y a des croisements entre les canaux stéréos ! Je démonte et rectifie tout cela, et d'ailleurs 8 fils suffisent car il y a déjà une masse sur le contact d'eject et les 2x loudness low rendent le son trop sourd à bas volume, je les désactive toujours. Certains font n'importe quoi, c'était une vraie antenne à parasites.

La pelote de 11 longs fils (volume et eject) avec connexions directes sur les composants dans l'ampli ! Quelle horreur !

Le son est encore assez mauvais, je décrasse les contacts de tonalité, règle la balance, change les aiguilles et même la tête de lecture. Cela va beaucoup mieux, mais il reste encore une résonance lors des silences. Ce problème est connu : les premières générations de moteurs ont encore une bride de soutien inférieure qui touche le tuyau de lubrification et donc la vibration du moteur est mécaniquement transmise au phonographe ce qui engendre cette vibration parasite. Un bon coup de lime pour creuser la bride et éviter ce contact physique élimine le problème. Seeburg a installé des brides plus étroites au bon endroit sur les générations suivantes de machines.

Ce modèle est équipé du malencontreux module Auto-Speed, mais ici il fonctionne. Voir ma page sur la réparation d'un Electra pour plus de détails.

L'originalité du modèle Showcase est d'avoir un "tourniquet en prisme" au dessus qui affiche 5 pochettes de disque à la mode sur une ligne ... et qui tourne d'1/3 de tour par minute !

Mécanisme complexe pour simplement faire tourner des pochettes de disques !
A gauche le moteur monté sur son support et avec la pièce de transmission, à droite le réducteur et son embrayage à ressort

Le tourniquet ne fonctionne plus. Je découvre un faux contact dans le moteur, mais il est difficile et risqué de l'ouvrir. En bloquant les fils d'entrée (230V !), il semble y avoir moyen de le fiabiliser. Le délai et la positionnement fixe et précis sont réalisés de manière mécanique. Et celle-ci est complexe et "dure" pour le moteur. Il y a même une sécurité en cas de blocage du tourniquet : ni la mécanique, ni le moteur ne seront abîmés.

Le moteur du tourniquet des pochettes (le fil secteur n'est pas connecté au boitier, il passe juste à travers la cosse !)

Finalement le moteur du tourniquet a rendu l'âme et il n'est pas facile de trouver un moteur de remplacement. Laurent de Nancy fait de magnifiques restaurations et a eu le même souci, il a mis a mis en place un micromoteur Crouzet mais a dû remplacer une pièce originale par une poulie pour réaliser la bonne adaptation de l'axe du moteur au mécanisme. N'hésitez pas à le contacter pour obtenir plus d'informations. Le moteur doit tourner sous 230VAC, dans le sens horlogique (vu de l'axe), à 2-3 tr/min, avoir une puissance de 3-4W et un axe de 7 mm. Finalement j'opte pour un moteur qui ne demande pas de poulie spéciale d'adaptation. En plus il tourne dans les 2 sens, ce que permet finalement le mécanisme Seeburg.

Après achat et remontage, le nouveau moteur n'arrive pas à faire tourner le système. Seeburg indique bien qu'il faut absolument équilibrer le prisme tournant en insérant les 10 supports plastiques de pochettes avec des pochettes papier (mais sans les disques !). Ce n'est quand même pas le poids de 10 pochettes en papier qui va éliminer le balourd ? Et bien si, ça fait une petite différence. Et après une lubrification des paliers du réducteur et un réglage bien aligné au niveau de l'axe central sur l'ensemble du mécanisme, le système tourne à nouveau ! Ouf, affaire délicate.

A l'usage, le clavier n'est pas fiable, les touches de chiffres se bloquent et les sélections ne se font pas. Cet ancien système contrôleur - clavier - accumulateur de crédit - barre tormat est complexe, et après quelques mesures je suis persuadé que le souci est dans le bloc clavier. Je le dépose (pas évident) et l'inspecte : dégraissage, surtout autour de la bobine "latch" (si crédit : retenue et relâchement des touches). Je constate que la bobine est désaxée et que le ressort de rappel ne pousse pas suffisamment la longue barre de relâchement des boutons. En fait, d'origine, la bobine était montée sur des silent blocs d'une certaine épaisseur, ceux-ci se sont désagrégés et quelqu'un a simplement resserré les vis et du coup la bobine est descendue et n'est plus dans l'axe ! Et le clavier ne fonctionne plus ! Ah la la, certains ne réfléchissent quand même pas beaucoup.

A gauche position désaxée sans silent blocs, à droite remise en place de silent blocs
A gauche bobine remontée sur silent blocs et rondelles, à droite tout est à nouveau dans l'axe !

Après remontage, le clavier refonctionne parfaitement ! Mais la bobine vibre plus qu'avant, logique mais ennuyeux !