Schmitronic

Réparations d'appareils électroniques vintage



Réparation de juke-boxes Seeburg Firestar de 1972

5ème Firestar

La 5ème machine est en bon état. Après la maintenance habituelle (graissage phonographe, contrôle masse, nettoyage contacts, ...) je m'attaque aux 3 soucis restants.

La pression sur n'importe quelle touche déclenche la lampe reset. Je nettoie la plaquette à la gomme à encre et resserre les pattes de touches. Je règle le contact de déclenchement, toutes les touches "passent", je remonte le clavier toutes les touches fonctionnent sauf le 0 en bas ! J'ai perdu pas mal de temps à démonter, régler, remonter mais rien à faire, le 0 provoque un reset ou aucune touche ne s'enfonce assez pour provoquer le "clic" caractéristique. Finalement, j'ai été obligé d'enlever la plaque de plexiglas entre les touches et le bloc clavier pour gagner une course d'enclenchement meilleure d'1 mm et permettre d'entrer le 0.

Maintenant que le clavier fonctionne, les sélections se font ... sur les faces B uniquement ! J'ai déjà eu le cas, c'était simplement un des 2 patins Tormat qui était tordu et qui flottait à côté des plots ! Mais ici, à l'oeil, le patin est OK. Je démonte le bloc en plastique qui supporte les 2 patins mobiles pour nettoyer les 2 grains de contact. Il faut savoir que les patins sont reliés électriquement. En effet un seul fil amène une haute tension qui est appliquée par un des patins en mouvement sur chaque plot. Il est donc très simple de mesurer à l'ohmmètre si les 2 patins sont reliés ... et ce n'est pas le cas ! Je retourne le bloc de support et voit le fil cassé ! Bingo !

Le dessous du bloc de support des patins Tormat ... et le fil cassé bien caché !

Il reste un problème : le disque ne s'éjecte pas en fin de lecture du disque. C'est normal, il n'y a plus d'aimant ! Un petit aimant en forme de parallélépipède rectangle est collé sur le bras (en métal non magnétique) et à la fin de la lecture du disque le bras et l'aimant se rapprochent du centre et l'aimant passe devant un contact "Reed" (2 lames sous verre dont une est magnétique, et qui ferme le contact lorsqu'un aimant approche).

Très souvent cet aimant ne tient plus car la colle fonctionne rarement bien sur des pièces métalliques. Et cet aimant est impossible à trouver ou à acheter ! Heureusement très souvent en regardant bien on le retrouve plus bas collé magnétiquement sur le châssis ! Ou il traine en fond de caisse ! Voilà pourquoi il ne faut jamais passer l'aspirateur pour nettoyer la caisse, mais bien inspecter et ramasser toutes les pièces tombées car elles proviennent de quelque part et servent évidemment à quelque chose !

Mais ici rien à faire, l'aimant est introuvable. Sur une autre machine j'avais déjà essayé avec un aimant de porte de meuble, en l'attachant avec de la colle Pritt et du ruban adhésif, mais chaque aimant, de part son poids, sa forme et sa magnétisation est compliqué à monter et surtout à régler avec le contact Reed. On y passe des heures, j'ai dû essayer plusieurs aimants, une vraie galère. Je ne veux plus recommencer cette opération plus qu'empirique, il me faut une solution simple et systématique.

Tout à coup je me rappelle que quelques jours plus tôt j'ai joué avec mon petit-fils avec un vieux jeu de construction à base de "magnets" et de billes. Le jeu est constitué de petites billes d'acier reliées par des manchons qui ont un petit aimant à chaque extrémité. Je prends un cutter et découpe le plastique d'un manchon pour extraire l'aimant, c'est un petit cylindre de 4 mm de diamètre et autant de long ... et il est puissant car il déclenche le contact Reed à plusieurs mm ! Super, sauf que je n'arrive pas à le coller sur le support car la base de contact est beaucoup plus petite que celle de l'aimant original.

Mais l'aimant est tellement puissant que je me rends compte qu'en mettant une rondelle à l'arrière du support, la force d'attraction est tellement forte qu'elle permet à l'aimant et à la rondelle de se maintenir plaqués en sandwich de chaque côté du support du bras ! Et cela ne bouge plus, incroyable ! C'est vraiment une solution très élégante : simple, rapide, légère, réglable, utilisable en série ... et gratuite ! C'est comme cela que j'aime la physique !

Le réglage final se fait beaucoup plus facilement, car je peux régler la position du contact et la position de l'aimant, en fait la petite difficulté est que le contact reed déclenche trop facilement tellement le champ magnétique est puissant, je dois l'éloigner au maximum pour ne pas déclencher trop tôt. Voilà, plus de stress pour trouver un aimant, j'ai une nouvelle solution fiable. Il me reste à régler l'équilibre de balancement du bras avec la grosse mollette située dessous, car évidemment le poids du nouvel aimant est beaucoup plus faible que celui de l'aimant original.

A gauche, le jeu de "magnets" et à droite l'aimant maintenu en place par une rondelle attirée par l'aimant, cela tient sans colle, magique !

La machine part en démonstration, mais je dois rapidement réintervenir : le clavier n'accepte à nouveau plus le 0 et l'amplificateur chauffe très fort sur un canal ! Zut.

Je nettoie à nouveau le clavier, rien à faire, le 0 ne passe pas. J'étudie le schéma et je vois qu'une des lignes des 2 contacts de la touche 0 passe par la petite carte montée sur le bloc clavier. Il y a 2 types : la première version ne comporte qu'une diode et celle-ci comporte plusieurs diodes et 4 interrupteurs à glissière, prévu pour configurer des albums (ce qui n'est pas clair pour moi et n'a sans doute jamais utilisé). Le signal devrait passer entre la borne 1 et 7 or ici l'ohmmètre me signale qu'il n'y a pas contact ! En fait un des interrupteurs ne fonctionne plus ou très mal, d'où le côté aléatoire du fonctionnement de la touche 0. Et voilà, bon à savoir.

A gauche la plaquette de configuration du clavier, à droite la vis qui met le condensateur à la masse !

Au niveau de l'amplificateur, je constate que la sortie d'un canal est quasi en court-circuit d'où l'échauffement. Je regarde attentivement et je découvre que mon partenaire a remonté une des brides de fixation avec une vis non conforme, trop longue et pointue ! La pointe a touché et enfoncé l'enveloppe métallique du condensateur ! J'ai bien ri, ce n'est donc pas mon travail sur l'ampli qui est en cause.



6ème Firestar

Déjà le 6ème exemplaire de ce modèle ! C'est que le design est moderne et je comprends qu'il ait eu du succès. En plus de la maintenance habituelle que je ne mentionne plus (voir articles précédents) voici les quelques éléments intéressants sur cette restauration.

La machine prend les sélections, scanne et prend parfois les sélections, cogne en sortie du mode play, n'arrête pas de scanner ... bref elle déconne bien ! Sans même parler des problèmes de position d'aiguille, de glissement de l'aiguille sur le disque, et de la pauvre qualité sonore. Et puis un beau matin, les sélections ne prennent plus du tout au clavier ! Je mesure les tensions au contrôleur et au lieu de -27V, je mesure -38V ! Et au lieu de -13V, j'ai -9V ! L'alim a claqué, ça m'ennuie car on en principe on ne peut jamais avoir plus de 14V entre l'alim -13V et - 27V, or ici on a quasi 30V ... Les 2 boites sont peut-être claquées, zut ! Je dépose et inspecte le châssis contrôleur ... que j'aurai dû regarder plus tôt : les 3 porte-fusibles sont très oxydés et le transistor de pilotage Q20 a les 3 pattes très rouillées, je n'avais encore jamais vu cela, voir photo. Pour les détails voir l'article spécifique sur les alimentations Seeburg. Après remplacement des 3 supports et du transistors, les tensions redeviennent correctes, je teste ... et la machine refonctionne, les boites ont tenu le coup, ouf !

Le transistor Q20 de la régulation -27V dont les pattes sont un peu ... rouillées ... et cassées !

Le scan ne s'arrête pas car la bobine de soustraction ne fonctionne pas correctement, les leviers "collent" dans de la vieille graisse, alors qu'il ne faut pas graisser ce mécanisme, donc après un petit dégraissage et c'est reparti. Quelques temps plus tard, le clavier prend la sélection, mais le scan ne démarre pas ! Mais je connais le truc, j'ai déjà eu le coup (voir pages des Bandshell) : un contacteur sur la plaque de service dénommé "Balayage" permet d'empêcher le démarrage de la machine (sans doute pour des raisons de service), et avec l'âge le contact n'est plus fiable, je court-circuite ce contact peu utile pour rendre le système plus fiable.

Le phonographe cogne en sortie de play, c'est un problème de réglage d'embrayage (les réglages "clutch" 1 à 4 du manuel) et comme d'habitude c'est le clutch 1 qui est en cause. C'est une butée de positionnement du "crabot" (voir article Spectra) qui se situe sous le levier de déclenchement. En tournant la vis de cette butée d'un tour vers le bas, le souci disparait totalement ! Cela tient à pas grand chose, et il faut bien se documenter et surtout ne pas faire n'importe quoi. Les réglages d'usine sont toujours très bien réalisés, donc il est rare de devoir les retoucher.

Maintenant que le phonographe se déplace correctement, je teste les sélections : 100, 111, 122, ... 177, 178, 179. Tout est OK, sauf que le 179 prend le disque 172 !, Je reteste le 179 mais aussi le 109, 119, ... et tous me donnent 172, 102, 112, ... De même pour les sélections en faces B (209, 219 ...). Donc en cliquant sur la touche 9 on envoie le signal électrique d'un 2 ! Je dépose et nettoie le clavier. Il y a 4 lignes ABCD qui envoient de manière codée le n° de la touche appuyée, et avec l'aide du tableau de codage et le schéma du clavier, je mesure les 2 contacts réalisés par la touche 9 : je dois trouver 1 0 1 0 (= B et D en court-circuit) et je constate que le contact D sur le bouton 9 ne se fait pas bien : il se ferme de temps à autres mais il est toujours ouvert au moment du "trigger" (le clic), et donc le signal envoyé est 1 0 1 1, le code de la touche 2 ! CQFD. Donc malgré le nettoyage des pistes plaqué or et des patins de touches, ce n'est toujours pas bon. Je redémonte le clavier et regarde les 8 pattes du patin 9 et je pousse un juron ! Chaque patin des autres touches a un petite pointe qui frotte (ou griffe) la piste, mais pas la touche 9 ! Les patins de cette touche ne seraient pas des originaux ? Je décrasse les extrémités plates, replie les lames et remonte le tout. A l'ohmmètre c'est maintenant bon ... et dans la machine aussi ! 

A gauche, la touche 9 sans les "pointes" sur les lames ressorts, à droite des lames normales d'origine

Maintenant il faut s'occuper de l'audio. L'ampli est un TSA10, assez bons, mais en cas de pointe de volume, il oscille ! Panne assez classique, mais difficile à éliminer, la boucle de rétro-action de l'ampli push-pull est trop forte, une possibilité à tester est de monter de petits condensateurs entre base et collecteur des transistors de puissance, c'est ce qui a été fait sur les amplis de la génération SHPx. Mais je n'ai pas le temps de de regarder à ce genre de panne délicate et je sors un TSA10 de mon stock. Je règle le point d'entrée de l'aiguille sur le disque, et je remonte les ressorts dans l'œillet du dessus, pour les tendre au maximum. Si cela ne suffit pas, il faudra les remplacer. Je coupe les fils orange et vert du loudness (point bas du potentiomètre) pour avoir un son normal à bas volume. Le son est bon sauf en face B entre les sélections 210 et 230 où le phono résonne affreusement ! La cause est mécanique : c'est un des 4 écrous de blocage du châssis qui n'est pas desserré assez, en le dévissant de quelques tours, la vibration disparait. Ouf, car ce genre de problèmes de vibrations peut parfois être très difficile à résoudre.

A l'écoute, je trouve que le temps de montée du volume est trop long. C'est le condensateur C21 de 100µF avec une résistance de 220kohms qui détermine la période de ce circuit RC. Le calcul donne 22 sec ! C'est sans doute un peu moins en réalité suite à la présence d'autres résistances dans le circuit. Je mesure la capa à 120µF, et je la remplace par une capa de 22µF ! Et là en 2 sec, le volume est au top.

J'écoute un disque et à la fin il n'est pas éjecté ! Évidemment l'aimant collé sur le bras qui assure le déclenchement en fin de disque a disparu ! Et comme d'habitude, je le retrouve collé magnétiquement au châssis un peu plus bas ! Un peu de colle et c'est reparti ! Ouf, car c'est toujours galère de monter un autre aimant à la place.

La machine est terminée et fonctionne très bien. J'ai reçu une série de boites noires et grises, j'en profite pour les tester dans la machine. Une boite noire ne réagit pas du tout, et après une contrôle sommaire je la laisse de côté, ce sera pour plus tard, rien ne presse j'ai plusieurs boites noires 100% opérationnelles dans mon stock. Une boite grise ne joue pas les positions 155 et 179 de ma séquence de tests. Je reteste pour confirmer et aucune sélection entre 150 et 159, ni entre 170 et 179 ne réagit. Vu l'expérience acquise il ne me faut que quelques minutes pour remplacer les 2 thyristors de dizaines claqués.



7ème Firestar

Ben ... à part la maintenance classique (lubrification du phonographe, décrassages de contacts, remplacement d'ampoules, ...) la machine fonctionne ! Elle est en très très bon état.

Sauf qu'après transport, elle ne sélectionne plus ! Le test de la pile ne donne rien, donc c'est un problème de readout. Je décrasse, vérifie et règle, les plots et patins Tormat, le detent switch, mais rien n'y fait. Je repousse les connecteurs ... et le relais de trip sur le controleur et clac il "trippe" ! Donc il semblerait que suite à un choc lors du transport, le socket de ce relais posait problème.

L'éjection ne se fait plus non plus ! Pourtant j'entends le clic du relais de mute, il est caché sous un capot cylindrique dans le châssis de l'ampli et j'avais déjà décrassé les contacts ... Donc je recommence, pourvu que le contact soit bon plus longtemps.



8ème Firestar

La machine a l'air en très bon état, mais je découvre vite qu'il a été "rénové". Le châssis n'est pas à la terre, et je découvre vite pourquoi en ouvrant la fiche secteur : le fil de terre est présent et dénudé, mais n'a jamais été connecté ! Il faut le faire, quel est l'abruti qui a fait ça ?

Voici exactement comment j'ai découvert l'intérieur de la fiche secteur ...

"Phono bloqué" m'informe-t-on. De fait, le mécanisme reprend toujours le même disque et je constate de suite que le doigt de sécurité ne bouge pas, donc le phono pense qu'il y a un disque et ne passe jamais en mode scan pour éviter de le casser ... Activé à la main le doigt de sécurité est très dur (et peu accessible) ... je suis bon pour déposer le châssis complet ! Je lubrifie l'ensemble, mais le levier ne bouge toujours pas, je passe à l'essence de lavage injecté avec une seringue et un petit tuyau pour passer dans les interstices et accéder aux points de friction, le levier bouge mais très lentement ... je suis bon pour déposer le phonographe ! Jamais une mince affaire : enlever une partie de la crémaillère, démonter le bloc Tormat et le séparer du contact de soustraction, démonter les patins des lampes de sélection, le guide du câble, ...

Avec un meilleur accès, je détecte que c'est bien le levier de bascule entre la came et le levier de commande du doigt de sécurité qui est collé sur son axe par de la vieille graisse qui a durci. Je ne comprends pas pourquoi des gens tapent de la graisse alors que Seeburg a toujours dit : "Lubrifier avec de l'huile JAMAIS de graisse !" ... Je passe cette fois l'essence de lavage avec un pinceau, le levier à bascule bouge de plus en plus vite, quand je tourne le mécanisme à la main, ma lenteur laisse le temps au doigt de se déplacer et de laisser l'embrayage passer en scan. Mais sous tension à vitesse réelle, la tige d'embrayage tombe tellement vite que le doigt n'a pas le temps de dégager le terrain et donc le mécanisme repart en mode play ...

Positions possibles du doigt de sécurité : play, scan et entre-deux !

Bon, il va falloir employer les grands moyens. Dans ces cas là, il faut faire glisser transversalement l'axe sur lequel le levier englué pivote et ainsi pousser et débloquer la graisse qui bloque tout. Dans la vue éclatée ci-dessous, c'est donc l'axe horizontal  "Shaft" (qui en réalité se trouve à l'emplacement indiqué en rouge) qu'il faut frapper et faire bouger de gauche à droite et inversement, arroser d'essence entre les coups et faire la manœuvre autant de fois qu'il faut jusqu'au déblocage. Mais il ne faut pas pousser l'axe trop loin et encore moins le sortir car si l'on fait tomber les pièces montées sur l'axe ("Detent Arm Lever", "Washer" et "Gear Segment"), on aura du mal à tout replacer. C'est le "Detent Arm Lever" qu'il faut décoincer, c'est lui qui commande le doigt de sécurité. Voilà pour la théorie.

Vue éclatée de l'axe secondaire, en rouge position réelle de l'axe, en vert la bascule engluée

En pratique, ça se corse. D'abord il faut libérer l'axe. Sur la vue éclatée on voit qu'une petite vis Allen ("Set Screw") bloque l'axe en place grâce à une gorge, il va falloir la desserrer et donc y accéder. Elle est derrière le mécanisme d'embrayage ... L'extrémité gauche de l'axe est accessible du côté moteur, mais l'extrémité droite est cachée derrière la paroi du bloc de lecture ... Grâce à mon expérience et à mes blocs phono de stock, je peux démonter tout cela en bon ordre. Le gros truc est d'utiliser un méthode systématique pour retenir l'ordre de démontage des vis. Le bac à glaçons est la méthode la plus simple et efficace possible !

La boite à glaçons, outil indispensable pour remonter les vis en bon ordre !

Et donc en gros il faut démonter : la barre des indicateurs de popularité, le bloc à patins Tormat, le contact de soustraction, le bloc à patins des lampes de sélection, une partie de la crémaillère, la plaque-guide du câble du phono, detent switch, ... et enfin le phonographe ! Le problème est que le contact d'inverseur à une palette assez fragile qui dépasse en dessous et il est donc impossible de déposer le phono à plat pour travailler dessus ... La palette est maintenue par 2 petits rivets qui sont déjà bien descellés, je les coupe et enlève la palette, au moins je peux poser le phonographe maintenant. Puis je démonte l'embrayage, il faut juste faire attention de ne pas perdre un circlip placé en profondeur et de ne pas casser le fragile levier du "detent switch". Puis, je dépose le charriot du bras de lecture (vis, circlips, ressorts, switches, dessoudure, ...). Après une paire d'heures, j'ai accès à l'axe, mais il n'y a encore rien de fait ! Voilà où j'en suis :

Le plan de travail !

Ci-dessous, le mécanisme bloqué est enfin visible : en jaune, l'arbre à cames qui déroule tous les mouvements lors des transferts; en rouge l'axe secondaire à faire bouger avec sa vis de blocage; en vert, l'enchainement des mouvements jusqu'au doigt de sécurité.

Arbre à cames en jaune, axe secondaire en rouge, mouvements en vert, vis Allen de blocage entourée.

La vis se dévisse facilement, avec un chasse goupille je donne un coup léger sur un côté de l'axe, il ne bouge pas, je frappe un peu plus fort et toc il rentre de 2 mm ! Je remets de l'essence aux jointures (flèches rouge montantes), pareil par l'autre côté, essence, autre côté ... Après quelques aller-retour, bingo, le mécanisme est entièrement libéré et le doigt saute maintenant instantanément !

Le chasse goupille frappé de chaque côté de l'axe secondaire pour faire coulisser l'axe dans les 2 sens et débloquer "l'engluage"

Maintenant que beaucoup est démonté, j'en profite pour bien nettoyer toutes les pièces, changer les ressorts et équilibrer le bras de lecture, vérifier les contacts, ... Puis il reste à remonter le tout, ce qui n'est pas une mince affaire non plus. En effet pour remonter le bloc d'embrayage, il y a un circlip mal placé à remonter. Le bloc d'embrayage doit être quasi bien placé mais doit rester ouvert. La seule méthode est alors de coucher le phonographe à plat, d'enficher la lame d'embrayage sur son pivot et, comme elle est horizontale, d'y déposer le circlip (avec un peu de graisse pour qu'il ne tombe pas), puis avec une pince à long bec de serrer sans trembler le circlip sur le pivot ! Ouf !

Le circlip à enlever ... et surtout à remettre !

Et voilà, un phonographe remis en ordre ! Franchement c'est un vrai plaisir à réparer les phonographes Seeburg. Le design est excellent, tout est documenté et étudié pour être démonté, sans effort, et dans les règles de l'art de la mécanique de précision, de la très belle et très fiable mécanique.

Le ressort mal "tortillé" et la palette de l'inverseur remontée avec de minuscules boulons

Au niveau du contrôleur, tout à l'air normal, sauf que, d'après le schéma, la tension du relais de trip est censée être de 24VDC mais je mesure 14VAC et le relais est un 12V ! Mais il déclenche avec la pile à la fiche Tormat. Ok donc, mais bizarre. Je remonte tout dans la machine, les lampes "Sélectionnez" et "2ème chiffre" ne s'allument pas. Je teste avec une autre boite, et c'est OK. Je remplacerai les 2 transistors de sortie qui claquent à tous les coups quand de mauvais modèles de lampes sont installées, genre #47 6V alors qu'il faut des #1819 28V ! Faut dire aussi que les transistors d'origine ne tiennent que 100mA ... C'est un peu juste.

Le scan démarre mais les sélections ne se font pas, sauf en 180 ... qui n'est pas programmable car au delà du charriot ! Le phonographe s'arrête parfois au moment de passer en play, et parfois il s'arrête pas de scanner ... J'ajuste déjà les lampes de sélection, le connecteur à la rampe est un peu oxydé ... La butée de soustraction est à fond à l'arrière, bizarre, car si l'inversion de sens se fait en même temps ce n'est pas bon car le phono risque de s'arrêter avec l'interrupteur de soustraction actif et donc le phono est à l'arrêt avec la bobine de soustraction sous tension, elle va chauffer, voire griller. Contrairement à la butée d'inversion qui doit être ajustée très précisément, la position de la butée de soustraction n'est pas critique, je la pousse à fond vers l'intérieur du panier, et maintenant après 2 aller-retours le phono s'arrête correctement ... presque tout le temps ! La bobine de soustraction ne retombe parfois qu'avec du retard. Je démonte le bloc et essaie de régler la bobine, mais elle "colle" toujours. Je finis par démonter complètement la bobine, nettoie et démagnétise le plongeur et la butée, je donne également un coup de papier de verre aux 2 surfaces qui se frappent. Et voilà, ça marche, la bobine retombe aussi sec après chaque activation. Parfois il ne manque pas grand chose.

Au niveau de la non sélection, je fais le test de la pile, aucune sélection non plus, c'est donc un souci de read-out. Je court-circuite le detent switch et hop il sélectionne ! Je le (re)démonte, les grains ne font pas contact, je les avais bien nettoyés mais je n'avais pas revérifié la position ... Je règle la position générale avec la vis placée à cet effet et hop ça marche (c'est quand même bien fait chez Seeburg).

Passons à l'audio. Rien qu'à voir que les haut-parleurs des 2 canaux sont connectés sur le canal gauche, je devine que le canal droit est claqué ! Je vérifie les haut-parleurs, un tweeter est claqué, je le remplace avec un de mon stock.

Les haut-parleurs sont tous connectés sur le canal gauche ... cela sent le canal droit claqué !

Mais les transistors de puissance (germanium) sont bons ! 2 sont récents et ne portent aucune inscription ! Je vérifie diodes de redressement, fusible et condensateurs, c'est OK. Puis je passe à l'étage driver, le plus délicat. Une résistance n'a plus de couleur ... et elle est bien morte. Une autre me casse dans les doigts et une résistance de puissance 0,75 ohm de 5W est claquée également. Sur les 4 transistors drivers, Q08 a la jonction BE qui est morte (pas de 0,6V). Un autre n'est plus fixé au châssis, la tige filetée du radiateur est cassée. Pas de souci, sauf que le radiateur frôle la tôle du châssis et qu'il ne doit en aucun cas faire contact ! Je l'éloigne donc du châssis. Q8 est un NPN SK442 introuvable, je le remplace par un 2N1711 et le remonte. La manip est un peu délicate, voir l'excellente méthode de thierry04 ici.

Je mets sous tension avec une lampe 235V en série dans l'alimentation secteur pour limiter le courant et comme d'habitude sans remonter les transistors de puissance. J'écoute et je regarde, la lampe secteur émet une légère lueur, tout est OK. L'ampli fonctionne avec un alimentation simple de -40V et je mesure la tension du rail central qui doit se mettre automatiquement au milieu et je mesure -19,5V et -20,5V sur chaque canal, nickel ! Ensuite je mesure la tension de polarisation du circuit push pull, la tension de jonction BE pour être au seuil d'ouverture d'un transistor silicium doit être entre 0,6V et 0,8V. Je mesure 1,25V sur un canal et 1,65V sur l'autre, parfait car il y a 2 transistors complémentaires. Au delà de 1,7V il y a un risque d'ouverture simultanée des 2 transistors et donc de fort courant et d'emballement thermique.

J'envoie un signal audio en entrée et j'entends le sifflement dans les haut-parleurs et je vois de belles sinusoïdes à l'oscilloscope ! Youpie !

L'ampli TSA10, les flèches indiquent les composants claqués et remplacés (la flèche du bas indique le transistor non fixé)

Je remonte les transistors de puissance un canal à la fois, la paire de transistors originaux fait allumer la lampe ! Trop de courant, pourtant ils se testent normalement au multimètre. Ils sont clairement HS. L'autre paire est récente, mais il n'y a aucune inscription dessus ! Ils mesurent également 0,110V aux jonctions. Le canal fonctionne, mais le signal est dégradé, il y a des "coups" dans la sinusoïde ! Je monte 4 transistors AD149 de mon stock, mais ce n'est pas bon non plus ... mais je constate que la jonction mesure 0,6V au lieu de 0,2V, on dirait que mes AD149 germanium achetés à bas prix sont en fait des silicium, des contrefaçons donc ! Alors pour être sûr je démonte 4 transistors d'origine GC114 sur une autre ampli et les teste sur celui-ci, il fonctionne impeccable ! Ma réparation était donc bonne, il me faut maintenant trouver de bons transistors. Pas facile, j'ai trouvé dans la documentation Seeburg et ailleurs 26 modèles de transistors PNP germanium +- équivalents (50V, 7A), mais la majorité est parfaitement introuvable et quelques-uns sont à plus de 25 euros pièce (+port) ! Quel prix pour des composants peu performants et fragiles, et on ne parle même pas de les appairer ! Travailler avec des transistors germanium pour des machines en vente est hasardeux. Je me demande si je ne vais pas commencer à réfléchir à adapter les designs de ces amplis pour fonctionner avec des transistors au silicium ! Car en gros, seul la tension de jonction change, et donc en principe il faut en principe uniquement ajuster la résistance de base. Cet excellent site explique justement cela. C'est fait : voir ici !)

Je vérifie le bias et je règle les gains, décrasse les contacteurs de tonalité, coupe la bobine mono des basses et coupe le loudness. Je teste l'ampli dans la machine, le son est bas et sourd pendant près d'une minute avant de se révéler ! Je remplace le condensateur C21 qui fait ce timing, d'origine il est de 100µF, je e mesure à 150µF et je le remplace par un 20µF. Maintenant en 2 secondes le son est là. Je désactive aussi le contrôle automatique de volume (AVC) en débranchant les 2 résistances qui amènent le signal de chaque canal sur la carte centrale commune. On entend assez fort du rumble au début et à al fin d'un disque, les ressorts neufs du bras de lecture sont tendus trop forts, des pièces avec alvéoles permettent de régler cela au mieux. Je règle encore le point d'entrée de l'aiguille.

Il reste un léger ronflement dans un canal, il provient de l'ampli mais pas de l'aiguille ni du préampli, car le niveau ne change pas si on change le volume. Je remplace pas mal de condensateurs mais rien n'y fait. Comme le problème n'est que sur un canal j'échange les 2 cartes où se trouvent entre autres la circuiterie driver. Je dois bien sûr modifier les valeurs des trimpots de polarisation pour les conserver sur les bons transistors de sortie. Mais en tournant un trimpot après l'avoir mesuré, il mesure l'infini en permanence ! Heureusement que je n'ai pas essayé de régler cela sous tension ! Car c'est le claquage des étages driver et de puissance assuré ! Donc la manière sûre est de mesurer la résistance, puis de le tourner dans les 2 sens et vérifier qu'il fonctionne bien, remettre à la position d'origine, allumer, mesurer la tension comme indiqué dans le manuel et régler le bias tranquillement à partir de là. En retirant le trimpot je vois que le rhéostat en principe circulaire s'est déformé, et en le tournant, le curseur s'est cassé. Je le remplace par un assemblage de résistances qui font exactement la valeur que j'avais mesurée.

Cassure et pli du patin qui ne touche plus le rhéostat et remplacement par la valeur mesurée avant

Résultat de l'échange de carte : le bruit de fond a légèrement diminué mais est resté du même côté ! Donc le souci ne peut venir que des transistors driver ou de puissance ou des composants et câblages autour ...



9ème Firestar

Certaines machines ont de sérieux soucis, d'autres pas du tout ! Celle-ci n'a demandé qu'une bonne lubrification et le décrassage de quelques contacts et hop elle était repartie !

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