Schmitronic

Réparations d'appareils électroniques vintage



Restauration d'un 3ème Disco

Voici le 3ème Disco, c’est donc un modèle courant, c’est logique il a un beau design. A l’inspection je vois que la machine a été bricolée, le condensateur du phonographe pendouille, mais est vite fixé, et toutes les fiches vers le boitier MPU ont été refaites, mais des fils pendouillent également.

Les fils dans les fiches d’origine devaient être cassés pour que quelqu’un les remplace complètement. Il a utilisé des connecteurs d’ordinateur de bureau, ils n’ont pas la bonne longueur, ils faut les assembler (avec la bonne orientation) et n’ont pas de détrompeurs. Une des fiches est encore d’origine mais 2 des 5 fils sont cassés. Je suis étonné de constater que la couleur des fils n’est documentée nulle part dans la documentation Seeburg ni même par quelqu’un sur Internet. Comme j’ai une confiance limitée dans le travail des bricoleurs précédents, et que je suis bien obligé de repérer les fils cassés, je vais devoir documenter et vérifier l’ensemble du câblage. Voici le résultat, comme j’ai fait le travail autant en faire profiter tout le monde.

Couleurs des fils rajoutées au schéma Seeburg

Je le démarre : rien. Un fusible est claqué, je le remplace et la machine démarre ! Bizarre, que s'est-il passé ? Pourquoi le fusible a-t-il claqué ? La CPU fonctionne, l’affichage s’allume, ouf ! Le recâblage est bon et les cartes fragiles aussi. Je remets les piles, elle a l'air de garder la mémoire, j’arrive à le mettre en crédit gratuit (position « service », pousser le contact « credit » et taper « 99 »). Les sélections se font plus ou moins bien : certains disques ne montent pas ou arrivent trop tard. Après avoir huilé le phonographe, sans le sortir car l’accès est très facile sur les Discos, il fonctionne parfaitement.

Je passe à la partie audio, les 2 tweeters sont claqués comme souvent, heureusement j’ai encore 2 tweeters avec aimant large qui ne vont pas dans les autres machines mais qui peuvent être montés dans un Disco plus vaste.

Mais l'ampli ne donne aucun son, je le dépose. Le fusible est claqué, mais surtout il manque la carte driver ! Zut ! Et les 2 transistors de puissance du canal gauche montés sur radiateur sont claqués. En farfouillant dans mon stock je retrouve une carte driver … mais en panne également ! Je décide de réparer cela plus tard et de remonter un autre ampli opérationnel de mon stock, j’en ai toujours 3-4 d’avance ! Je teste, le son sort mais n’est pas bon, il y a surtout un canal très faible. Comme j’ai réglé des gains identiques sur les 2 canaux de l’ampli à l’oscilloscope, le problème ne peut provenir que de la tête de lecture. Je mets de nouvelles aiguilles, le son est plus clair mais le déséquilibre est toujours présent. Je mesure la résistance de la tête de lecture, elle doit être de +-470Kohms et sur un canal, j’ai l’infini. Zut c’est encore un faux contact entre une broche de la tête et la pince dans le socket (voir page Mardi-Gras), c’est très pénible à démonter mais surtout à remonter. Je tente le tout pour le tout : je nettoie bien les 4 broches de la tête et asperge le socket du bras avec de l’aérosol décapant pour contact. Je mesure, c’est pareil. Je laisse sécher et remets de l’aérosol, je mesure et bingo ça marche, ouf !

Lors de la pose sur le disque, le bras saute et part facilement vers l’intérieur. Il me faudra tourner le contrepoids inférieur de plusieurs tours pour amener le bras à l’équilibre sans dérive, bizarre.

A l’écoute, il reste une résonance similaire mais pas identique à celle du Gem2 lorsque l’aiguille joue des plages silencieuses. Je vois de suite que la bride inférieure du moteur est montée à l'envers (avec l'encoche en bas) ! Cette encoche évite au tuyau de lubrification du moteur de toucher la bride et ainsi de transmettre la vibration du moteur au châssis du phonographe. Donc quelqu’un a déjà démonté ce moteur mais n’a pas compris la raison de ce renfoncement. Avec la bride remise correctement, la résonance diminue mais est toujours perceptible. Comme le condensateur a été remplacé, je vérifie qu’il a été recâblé correctement (il y a 2 condensateurs en série) et que le contact qui diminue le couple du moteur (et donc ses vibrations) lors du mode « play » fonctionne bien. Comme le coupleur est dur, j’en ai commandé un autre, espérons que cela résolve le problème.

La bride positionnée correctement

Mon partenaire rencontre quelqu'un qui a investi dans une machine de gravure de 45 tours. Pour tester, il fait graver un disque avec le morceau "Back to Black" de Amy Winehouse. Le résultat est bluffant sur le Disco ! Il est donc maintenant possible de mettre de la musique jamais éditée en 45 tours dans n'importe quel juke-box, on peut donc sortir de la nostalgie !

Le disque unique !

Le résultat dans la machine

La machine fonctionne parfaitement à l'atelier et en démo. Elle trouve rapidement preneur, est livrée ... et ne fonctionne plus le soir même ! Caramba, le disque ne monte plus sur le phonographe ! Heureusement, le souci est facile à comprendre : les 3 rivets qui fixent la lame de transfert disque à l'axe de rotation se sont relâchés et la lame s'est mise de travers ! Je n'avais encore jamais vu cela, l'incident aurait quand même pu se produire à l'atelier ... Mais j'admire toujours le design du phonographe Seeburg, facile à maintenir et à réparer. Il suffit de dévisser 2 vis pour retirer le mécanisme, je resserre les 3 rivets à l'étau et je remonte. Il y a 2 marqueurs sur les 2 engrenages pour bien repositionner le mécasnime. Simple et efficace.

Les 3 rivets qui fixent la lame de transfert disque sur l'axe, ici resserrés
Les 2 marques qui permettent de régler la position des engrenages, en dessous une des 2 vis qui permet de démonter l'axe et la lame de transfert disque

Réparation de l'ampli

Quelques temps plus tard je me suis attaqué au dépannage de l’ampli d’origine. Donc, on a une carte driver qui manque, les 2 transistors de puissance du canal gauche claqués et le fusible principal claqué dans un support de fusible non standard (bouton rouge). Je remonte un support de fusible standard, il faut limer le trou pour le rendre plus rond. Je rajoute les entretoises manquantes, je n’aime pas les cartes qui sont mal soutenues, car on a toujours le risque de faux contacts.

J’ai une carte driver dans mon stock, je l’avais déjà réparée pas mal, mais il restait toujours une grosse distorsion dans le canal droit. Je l’installe, cette fois il va falloir trouver ce dernier souci.

Je remets des transistors de puissance (2N3055), vérifie les transistors drivers et les résistances sensibles des 2 derniers étages. Tout me semble normal, j’installe une ampoule en série dans l’alimentation et allume l’ampli avec prudence … La lampe s’allume à moitié et avant même que je n’ai eu le temps de couper, elle s’illumine encore plus fort ! Trop tard : en 1/2 sec l’ampli a reclaqué ! Zut. De fait les 2 transistors de sortie neufs sont morts. Pas dans mes habitudes ça. Je passe alors un bon moment à vérifier câblage, court-circuit éventuel, composants, … Je ne trouve rien d’anormal, ennuyeux. Je constate même qu’allumé sans les transistors de puissance, le canal concerné est stable les drivers stabilisent le « rail central » à 0V, la tension de « bias » est bonne également, troublant. Pour prendre le moins de risques possibles, je dessoude les drivers et les mesure avec mon testeur de composants, ils semblent bons. Je monte néanmoins des nouveaux drivers (TIP102/107, 100V, 8A !). Je remonte de nouveaux 2N3055, mais par sécurité j’insère un petit fusible de 500 mA dans l’alimentation de ces transistors. J’allume et éteint de suite. Le petit fusible n’a pas sauté ! Je rallume, la lampe s’allume et la lumière retombe de suite et laisse une petite rougeur ! Ouf, rien ne chauffe, c’est stable, on est dans le bon. Ce n’est pas très clair mais le souci provenait sans doute des drivers.

Le canal gauche tout juste réparé fonctionne à merveille, le son est bon. Par contre, le canal droit distorsionne, c’est normal car c’était le souci de départ de la carte driver. A l’oscilloscope je vois que la partie de l’onde inférieure ne sort pas, d’où l’importante distorsion. La tension de bias, à régler à 1,6V (voir plan : l’écart entre 1,1V et - 0,5V est bien de 1,6V) est ici bloquée à 0,7V. Ce qui est insuffisant pour activer correctement les transistors driver et de puissance. C’est un petit transistor monté en mode « thermostat » sur le radiateur qui établit et régule la tension de bias (Q11). Je le démonte et le mesure, il semble bon, j’en mets néanmoins un autre et sans grande surprise, cela ne change rien. J’avais mesuré les résistances environnantes, une était à 940 ohms au lieu de 820 ohms, néanmoins en mettant une autre résistance en parallèle pour atteindre 740 ohms rien ne change : 0,7V !

Chemin de polarisation des transistors en vert

Je vérifie tous les composants sur le chemin du bias en tension continue (voir ligne verte sur schéma ci-dessus), l’ohmmètre n’arrive pas à se stabiliser sur la mesure de R73, mais est stable sur la résistance correspondante de l’autre canal ! Bizarre, un condensateur interfère, cela ne peut être que C44. J’utilise alors mon contrôleur de condensateur « en circuit » et il me confirme que le condensateur est bien défectueux. Donc, le condensateur au lieu d’être isolant en continu fuite et se comporte comme une résistance, ce qui ne peut que perturber l’équilibre du circuit. Je le remplace, allume et mesure 1,6V ! Bingo ! Et bien sûr, le son est maintenant parfait sur les 2 canaux. Super ce contrôleur de condensateur « en circuit », mais la prochaine fois je l’utiliserai de suite pour vérifier tous les condensateurs, cela me fera gagner du temps. 

Restauration du 2ème, 3ème, 4ème, 5ème, 6&7ème, 8ème Disco