Schmitronic

Réparations d'appareils électroniques vintage



6ème Disco

Machine en bon état, mais la MCU déconne ... comme d'habitude. Je commence par remplacer les 3 connecteurs car les fils cassent et les cosses sont oxydées. Au démarrage, tout ce passe parfaitement ... pendant 2 minutes ! L'affichage fait n'importe quoi, le phono aussi. Je soupçonne d'emblée les RAMs 5101. La carte MCU est propre et c'est même la toute dernière version de Stern, les RAMs sont sur supports, super pour l'échange. Mais rien à faire la machine déconne toujours autant. D'ailleurs les RAMs d'origine fonctionnent très bien sur une CPU de flipper ! Donc ce n'est pas ça. Je vérifie tous les signaux d'entrée et la carte interface, tout est OK.

Je dois admettre que je suis fatigué de cette MPU des discos, mal conçue et aucunement fiable, tous les techniciens sur la toile vous le diront. Finalement nous décidons d'acheter la carte GEN2MCU de Ron Rich. C'est cher, surtout au vu des taxes d'importation, frais de douanes et TVA (84 euros pour un achat de 300 euros !), mais au moins ça marche. De fait, je branche et hop c'est parti sans aucune erreur ! Comme quoi les MCU d'origine sont vraiment pourries. Ron Rich me prévient que, suite à la pénurie de composants due au Covid, il n'a pu obtenir que des afficheurs rouges pour les 2 digits de crédits. Pas de souci. Mais lorsque je teste avec le boitier en place, ces 2 digits sont invisibles ! J'avais oublié qu'il y a un filtre bleu sur le panneau. Rouge à travers bleu ne donne pas grand chose. Je remplace ce filtre bleu par un filtre rouge et le problème est résolu.

Affichage tricolore

L'ampli fonctionne, mais un canal chauffe. Le bias est à 1,9V, je le réduis à 1,6V et le souci est résolu. Les contacteurs de tonalité ne fonctionnent pas correctement. Je ris en découvrant l'arrière du préampli : les bornes des contacteurs ont été court-circuitées par du fil à souder ! Original ! Cela doit être dur à faire finalement. Après décrassage approfondi des contacteurs de tonalité, le son reprend vie ... à tel point qu'on entend une résonance sourde due au moteur du phonographe. Étonnement le silent bloc de soutien inférieur du moteur est toujours présent, je l'enlève et la résonance disparait.

Les soudures 100% fil d'étain !

A la demande du client j'ajoute un module Bluetooth (comme déjà réalisé sur un Wurlitzer Americana). Il est possible de monter les sorties BT en parallèle sur les entrées audio, il n'y a pas de souci d'impédance à condition de couper l'alimentation du BT en mode jukebox. Je monte un contacteur à 2 voies qui, dans une position, alimente le module BT et coupe l'alimentation du relais de mute. En effet, lorsque le juke box est à l'arrêt, le relais de mute est actif et les entrées sont court-circuitées à la masse, ce qui empêche le signal BT de passer. Dans l'autre position, l'interrupteur coupe l'alimentation BT et reconnecte le relais de mute pour une opération normale du jukebox.

Comme l'ampli est équipé d'un préampli à correction RIAA, il faut étouffer les basses du BT (Voir explications ici). Le plus simple est d'insérer des condensateurs en série dans les signaux qui arrivent du BT pour réaliser un filtre passe-haut qui simule assez bien l'inverse de la courbe RIAA nécessaire. A l'essai, je dois rajouter un potentiomètre de volume (200kohms) d'entrée du BT car le niveau est trop puissant. La valeur des condensateurs qui donnent le meilleur son est de 470nF. C'est très différent du montage réalisé dans le Wurlitzer : pas de potentiomètre, il a suffit de condensateurs de 1nF pour obtenir la bonne tonalité et le bon niveau, mais ce n'était pas non plus le même modèle de module BT.

 
Montage propre et discret avec utilisation des trous existants du chassis !

Et voilà un disco ressuscité et fiable comme il ne l'a jamais été.



7ème Disco

Et encore un disco ! Il est en bon état, seul le phonographe éjecte immédiatement le disque après avoir déposé l'aiguille dessus. Problème classique, le crabot d'embrayage ne descend pas assez vite pour se découpler de l'arbre de transfert et alors il continue le cycle de transfert ... et après la montée du disque sur la poupée et bien il le reprend et le remet dans le panier ! En faisant le transfert à la main on le sent bien, le levier de pilote du crabot est lent et ne descend pas à fond dans l'encoche du mode play. C'est normal un technicien du dimanche à tout graissé et maintenant avec les années c'est devenu de la colle ! Alors que Seeburg a toujours dit "Huiler, huiler et huiler, jamais de graisse !". Je crains de devoir démonter tout le mécanisme, mais j'essaie d'abord de dissoudre tout ça à l'essence de lavage. J'asperge partout avec un vieux pinceau, l'essence est quand même magique pour ça, elle est très fine et s'insinue partout et arrive à dissoudre les vieilles graisses quasi sans avoir besoin de frotter. J'alterne en mouillage et mise en mouvement du mécanisme et tout un coup, toutes les pièces sont à nouveau libres ! Yes !

L'ampli fonctionne mais le son est faible et bizarre, un coup d'oeil aux branchements des haut-parleurs me fait hurler de rire : les 4 HPs sont connectés sur un canal et sur la position de puissance la plus basse ! Qu'on m'explique pourquoi on se branche en mono sur la position 1 W (!) quand on a à sa disposition un magnifique ampli stéréo de 50W RMS ! Et que tout est clairement indiqué sur le chassis. Cela me dépasse. Un fois connecté correctement, on prend la mesure de la qualité et de la puissance de l'engin, que le bal commence !

Branché en 1W mono ! Pourtant tout est clairement indiqué ...

Après quelques autres réglages et vérifications (enlèvement des piles qui ont coulé !) la machine fonctionne à nouveau parfaitement. Pour une fois qu'il n'y a pas de souci de MCU et de PCC, les 2 affreuses cartes électroniques !

J'ai parlé trop vite. La machine part en démo dans un salon de la bière et du flipper et après quelques heures de fonctionnement sur le stand, le charriot du phonographe déconne : il cogne à gauche ! Revenu à l'atelier je constate que le moteur tourne dans les 2 sens de manière bizarre et parfois avance doucement ou pas du tout, et/ou ronronne. le disco est une machine "tordue", réputée difficile à réparer et je confirme, je frôle la crise de nerfs à chaque fois. Ici j'ai plein de symptômes incohérents qui m'empêchent de cerner le problème. Je nettoie tous les contacts, ça va mieux. Sur la carte PCC dans le contrôleur, il y a 2 triacs qui sont allumés un à la fois pour faire tourner le moteur principal dans le sens souhaité. Et un des 2 semble se fermer en permanence partiellement ou totalement. Je les remplace par des triacs en principe équivalents et c'est pire : le phonographe va bien dans les 2 sens souhaités, mais comme un escargot ! je remplace par encore 2 autres types ... et je reviens à la case départ : un seul sens OK !

Je teste chaque triac en le connectant comme un interrupteur en série entre une alim 12VDC et une ampoule de voiture. A l'allumage le triac est bien ouvert, la lampe reste éteinte. Ensuite en activant la gâchette par une impulsion avec une résistance de 330 ohms connectée à T2, ma lampe s'allume bien. Tous mes triacs sont OK, sauf l'original qui était bel et bien claqué en court-circuit. Alors pourquoi avec les nouveaux triacs ça ne marche pas dans la machine ?

Canal de la LED jaune semble OK, canal avec LED verte les 2 triacs sont actifs, donc le triac du canal de la LED jaune est HS car il conduit en permanence !

Je dépose cette carte et crée un mini banc d'essai pour simuler toute la logique et je monte des LEDs sur les transistors de commande des gâchettes pour voir ce qui se passe. C'est un peu casse-tête pour piloter les 2 circuits de commande, mais on y arrive. Pour tester la partie puissance (séparée par des optocoupleurs), j'ajoute 2 lampes 220V. Donc il me faut du 12VDC pour la partie logique, du 18VAC pour la partie commande après les optos et en principe du 115VAC pour les moteurs, mais je ne mets que du 48VAC pour mes lampes, ça suffit amplement.

Puis je découvre que sans commande de gâchette, un des 2 triacs conduit ! Il fuite ! Alors je reteste tout mon stock avec une petite méthode à moi toute simple et je découvre que la moitié de mes triacs conduisent sans tension de gâchette ! Certains très faiblement, d'autres moyennement, d'autres tout le temps ! J'en remonte un qui ne fuite pas, remonte la carte PCC dans la machine et bingo, c'est OK, le moteur scanne à fond la caisse dans les 2 sens !

Conclusions :

  1. Le test DC expliqué dans la littérature et sur internet n'est pas sûr, c'est OK pour un thyristor mais pas pour un triac, car on ne teste pas tous les quadrants (voir détails techniques ici). J'utilise maintenant ma propre méthode à voir ici.
  2. Le seul test valable est en AC sur T1/T2 et gâchette
  3. Mon stock de triacs est pourri : les pièces d'un même lot sont de qualités très variables, je ne vais plus acheter chez les chinois pour pas cher, on perd du temps et de l'argent
  4. On apprend tous les jours et toute sa vie !

Plus tard, la machine revient à nouveau : scan ne démarre pas systématiquement et le fusible d'ampli a claqué. Suite au transport le phonographe est sorti de sa crémaillère ! Jamais facile à remettre : il faut tomber dans la bonne dent ! Mais après quelques essais au hasard, on finit par y arriver. Dès qu'on pousse le phono à la main, il part. Je soupçonne a nouveau un problème de triac, je les remplace et tout rentre à nouveau dans l'ordre. L'ampli a claqué, en plus du fusible je dois remplacer 2 diodes du pont de l'alim -32V, j'en profite pour remplacer également les capas de filtrage un peu fatiguées.

Encore plus tard, ce fusible sautera à nouveau, mais cette fois l'ampli n'est pas endommagé. En fait, le souci est dû à une erreur de manipulation : il y a 2 prises sur l'ampli : une rouge pour le potentiomètre de volume (12 pins) et l'autre blanche pour un microphone (option karaoke ! 9 pins). Le réflexe normal est de toujours enficher les fiches sur la prise de même couleur, or ici la bonne fiche et la mauvaise prise sont blanches ! Et la fiche de 12 pins peut se brancher sur la prise de 9 pins sans problème ! Du coup l'effet de cette erreur de connexion est que le potentiomètre de volume reçoit une tension d'alimentation inadéquate et brûle, puis le fusible de l'ampli saute ! J'ai condamné la prise micro avec de la toile isolante rouge et il ne donc reste plus que la possibilité de brancher la fiche blanche sur la prise rouge ! D'habitude Seeburg est plus cohérent que cela. Cette panne a quand même coûté 50 euros pour remplacer le potentiomètre de volume spécial et donc rare (il a 2 points fixes pour le loudness et le correcteur de tonalité).

Quelle est la bonne prise ?

Le fusible sautera malgré tout encore, mais je suppose que c'est dû aux nouveaux condensateurs de filtrage qui font un appel de courant trop élevé à l'allumage. Il n'y a plus eu de problème après remplacement du fusible de 1,5A temporisé recommandé par un 3A temporisé. La machine est régulièrement louée pour des évènements et j'ai installé à l'arrière une sortie ligne RCA, de niveau réglable avec un potentiomètre indépendant du bouton de volume principal. Cette sortie peut donc être raccordée à n'importe quelle table de mixage ou amplificateur pour une sonorisation complète de salle.

Restauration du 2ème, 3ème, 4ème, 5ème, 6&7ème, 8ème Disco